Nous sommes au début des années 1980. La situation du groupe BLMC n'est pas fameuse. Une lueur d'espoir cependant dans le segment des petites voitures avec le lancement réussi de l'Austin Mini Metro fin 1980 se fait jour. Néanmoins la gamme des "moyennes" du groupe souffre d'une désaffection croissante de la clientèle. L'Austin Allegro n'a jamais plus et la très classique Morris Marina (mal) redessinée par Giugiaro en Morris Ital ne peut cacher son âge canonique (surtout en comparaison des récentes Vauxhall Cavalier/ Opel Ascona, passées, elles, à la traction av) .
Le salut allait venir de l'est....du Japon plus précisément. La fin des années 1970 voit en effet dans de nombreux pays européens (France, Italie....) la mise en place d'un contingentement des importations de véhicules en provenance de l'Empire du soleil levant....ceux-ci se révélant semble t'il trop compétitifs au vu de nos productions nationales.....
La question pour les industriels japonais est dès lors de contourner ces quotas (3% du marché total en France)....et c'est ici que HONDA frappe un grand coup en s'alliant avec le plus moribond (on ne se refait pas...) des constructeurs européens d'alors: la British Leyland Motor Corporation (BLMC) (Nissan suivra en reprenant Ebro en Espagne en 1981 et en s'alliant avec Alfa Romeo en 1984)
Un accord est très vite trouvé, et signé en janvier 1980.
Comme vu plus haut Leyland manque cruellement d'un véhicule de gamme moyenne compétitif, et Honda place ses pions.....c'est ainsi que, en septembre 1981
La TRIUMPH ACCLAIM EST NEE L'accord signé porte alors sur 60 000 véhicules produits sous 3 ans. L'assemblage se déroule à Cowley, néanmoins toute la partie mécanique (moteur, boîte, suspensions) provient directement au japon; le moteur est un 4 cylindres en ligne longue course (72x82) de 1335 cm3, délivrant 70 ch à 5750 rpm pour un couple maxi de 10,2 mkg à 3500 rpm. Il présente la particularité d'accepter l'essence ordinaire
. Disposition transversale av, roues av motrices et boîte 5 sont le lot du véhicule (une Honda Ballade-Civic tricorps rebadgée, précisons le) mais à cette date encore relativement peu répandus dans la production japonaise.....
Mais pourquoi le choix de la marque Triumph ? Celle-ci jouissait encore à l'époque d'une bonne image, sportivo-luxueuse, mais la gamme à l'exception des (trop) originaux coupé et cabriolets TR7 et TR8 sentait bon le musée: la vénérable Spitfire et l'antique Dolomite (malgré sa version Sprint à moteur 16 soupapes
) ne faisaient plus guère recette....*
L'Acclaim est donc conviée pour remplacer les anciennes Toledo/ Dolomite ....mais dans un registre beaucoup plus calme... (et non le VTEC n'existait pas encore
) par ailleurs l'utilisation du nom Triumph réservait tout le poids de la "grande" nouveauté (Triumph restant une division marginale) aux futures Austin Maestro (1983) et Montego (1984)....
Une carrière néanmoins écourtée....par les dernières citées, les Maestro et Montego venant marcher sur les plates bandes de la pauvre acclaim.....de plus Honda renouvelant alors ses Civic en faveur d'une génération plus moderne, dotée de moteur multisoupapes, et qui essaiemera elle aussi de l'autre côté du Channel: ce sera la Rover 200 (213/216), première du nom. Ceci fut permis par le succès de l'Acclaim auprès de la clientèle....pas forcément un grand succès en terme de vente, Triumph restant décidemment trop méconnu, surtout hors du territoire britannique (on notera tout de même 4 882 ventes en France en 1983, 2 862 en 1984 et encore un reliquat de 116 unités en 1985, plus une isolée en 1986)....en tout cas une réussite industrielle ouvrant la voix aux futurs transplants Honda-Rover, 200 MK I, 800 et plus tard 200 Mk II / 400 Mk I....nous sommes alors au début des années 1990 le succès de ces transplants ( et plus particulièrement des 200 Mk I, plus diffusées que les Montego au Royaume-Uni
) a entrainé la disparition du nom AUSTIN.....TRIUMPH quant à lui a sombré (mais pavillon haut
) avec l'Acclaim et est déja bien oublié......
*Le même phénomène touche alors la marque MG
Quelques vues de l'intérieur de l'Acclaim....on notera le (déjà) mélange sérieux japonais/ cachet anglais
Suivront les comptes-rendus de la presse de l'époque...et notamment un fort intéressant article de la plume de Robert Séjourné pour le compte de la livraison de
L'Automobile Magazine/Sports Mécaniques n°429 de mars 1982